Une bonne et heureuse année 2011 qui soit pleine de soleil et de chaleur pour vous tous!

"Le pardon, la tolérance et la sagesse sont le langage des hommes forts", proverbe Sénoufo.

jeudi 28 octobre 2010






Komadougou : Les récoltes
 
Sous un soleil de plomb accompagné d’un léger vent frais par intermittence, on peut voir les champs de maïs et de mil disparaître petit à petit. Entre le bruit des machettes qui sectionnent les pieds des plantes et les airs africains fredonnés par ceux qui ramassent les céréales coupées pour les mettre en tas, on peut se rendre compte que les récoltes ont bel et bien commencé.
 Avant d’aller plus loin, nous pouvons déjà rappeler que l’agriculture est la principale activité économique du pays, qui occupe, selon les sources, de 75% à 90% de la population. Pour le village de Komadougou, l'agriculture, regroupée avec l'élevage, représente une occupation de 90% des hommes et 99% des femmes. 
            
             Le système de production est largement dominé par l'agriculture de type extensive, c'est-à-dire qui nécessite de grandes superficies de sols travaillées ici avec des moyens techniques très rudimentaires, comme si l'on revenait un siècle en arrière en France. Parmi les cultures il faut distinguer les cultures de rente, comme le coton et l'arachide, des cultures vivrières destinées principalement à couvrir les besoins du pays et des cultures maraîchères qui fournissent les légumes.

             Les cultures vivrières sont bien-sûr les plus importantes car elles occupent 90% des terres cultivées, dont 80% sont destinées à la culture du sorgho et du mil, des céréales adaptées au climat du pays et qui font partie des aliments de base des Burkinabè. Dans certaines zones plus propices, comme à Komadougou, le maïs est aussi présent dans ces cultures.

         
     Le sorgho ou le mil est une plante de la famille des graminées qui est particulièrement adapté aux sols dits "médiocres" et supporte très bien la sécheresse. Il se présente sous forme de hautes tiges (atteignant parfois 5 mètres) surmontées d'une grappe avec pleins de petites graines au bout.
     Il existe le sorgho rouge qui sert principalement pour confectionner le tô (plat burkinabè) et le dolo (bière burkinabè) et le sorgho blanc qui sert surtout à confectionner la farine.        








Ici les plantations ont commencé au mois de mai, les burkinabè plantent d'abord le sorgho rouge, après début juin, c'est le maïs et mi juin le sorgho blanc. Les plantations durent pendant trois mois, tout est fait à la main, en famille, tout le monde participe, sauf le cerclage qui est fait avec des boeufs et une charrue.


            Aujourd'hui, cinq mois après les semis, et la saison des pluies qui soit dit en passant a été très bonne cette année et donc très propice pour les cultures, la récolte peut-être réalisée. C'est un travail long et laborieux qui va perdurer jusqu'à fin décembre et qui se réalise en famille, certains enfants ne vont pas à l'école pour aider dans les récoltes, qui est un moment important et crucial pour tous les burkinabè pour qu'il puisse manger toute l'année.
La journée commence au petit matin, à 5h30 (les mamans se sont levées à 4h pour préparer le repas qu'ils emmèneront aux champs) où ils partent pour effectuer la coupe. A 9h30, ils s'octroient une petite pause collation (normal, vu qu'ils n'ont rien mangé depuis le levé) et pour reprendre des forces pour continuer le travail jusqu'à midi. Une pause repas et sieste est profitable et à 14h, ils reprennent de plus belle, avant que la nuit tombe rapidement et qu'il puisse rentrer vers 18h. 
   
 

              Pour le maïs, certains coupent les tiges et les massent en petits tas, pendant que d'autres récupèrent ces tas pour en faire des dômes pour les laisser sécher.


 
 
                                                            Ensuite ces tiges seront épluchées pour récupérer les épis de maïs. Actuellement, il faut faire un peu vite car une pluie assez importante est tombée, ce qui n'est pas bon pour les tas qui sont humides et qui attirent les termites.
 
 
 
 

Tous les épis de maïs, après épluchage, sont entreposés dans un coin pour qu'ils sèchent et pour qu'ils jaunissent, dorés par le soleil et la chaleur. Les enfants adorent en faire cuire sur la braise pour les manger chaud, et croquer à pleines dents dedans.

Pour les cultures de mil, quand les tiges sont coupées, d'autres coupent juste les grappes pour ensuite les mettre à sécher sur des plateaux en bois, pour effectuer une première période de séchage.



Après ces grappes de graine sont entreposées dans le grenier et égrenées au fur et à mesure des besoins.
De ces graines de mil, on retire une farine, où on les fait cuire dans l'eau pour faire, comme ils appellent ici, "le couscous burkinabè".

 
           
            



Komadougou : l'école




 KOMADOUGOU : L'école




Les gamelles, les bidons d’eau, les sacs, pieds nus sur le chemin…Hop c’est parti, les enfants du village prennent la direction de l’école !
Après 4 mois de congés (vacances de début juin à fin septembre), les enfants, dont l’âge oscille de 6 ans à 16 ans, ont retrouvé leur maître, leurs crayons, leurs craies, le 4 octobre, après un appel effectué le 1er.
Sur la volonté des parents, les enfants sont ou non scolarisés. Par manque de moyens, par besoins de bras (aux champs…) ou encore, par inintérêt porté à l’éducation, de nombreux enfants échappent à l’alphabétisation.

Selon l'UNESCO, le taux d'analphabétisme en 1990 était de 81.5%, 15 ans après, avec une mobilisation du gouvernement, le taux d'alphabétisation s'élève à 26.6 %, taux encore très faible.
Depuis la loi d'orientation du 9 mai 1996, l'école apparait obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans. A aucun moment la gratuité n'est exprimée entièrement. Seulement, la population scolarisée atteint 38 % au primaire et 8 % au secondaire. Une mobilisation plus forte doit s'engager afin de pouvoir scolariser l'ensemble des enfants. 46 % de la population a entre 0 et 16 ans.
   L’inscription scolaire s’élève à 2000 Fcfa. Pour la première année de cours préparatoire, l’inscription est gratuite pour les filles ! Un  cout de 1000 FCFA doit être prévu pour les fournitures.


L’école de Komadougou:
Du nouveau cette année pour les enfants ; ils passent d’une classe sous paillottes sans lumière du jour à une classe en dur avec des espaces laissant passer le jour !
   Plusieurs financements ont permis la création de ce bâtiment de 3 classes où sont logés les CM2, CM1,CE2 ainsi que le bureau du directeur.
   L’école,  dirigée par  Monsieur Oueba T Dominique,  compte 7 classes tenues par 2 hommes et 5 femmes. Les différentes classes accueillent un minimum de 45 élèves. Ces classes sont équipées très simplement avec des bureaux en bois, des tableaux de craie au mur, et démunis de tout autre matériel pédagogique. 

La classe de CM2                                       
                                                        Le matériel pédagogique : le tableau; le maître y écrit tout ce qu'il veut transmettre aux enfants !

    Le soir (l'après-midi), les cours reprennent à 15 heures pour 2 heures. Les cours se font en langue officielle, le français, ce qui rend difficile la compréhension des élèves, ne parlant pas cette langue hors de l'école!
Le jour de repos est le jeudi, sauf pour les CM2, qui restent à l'école pour travailler. Quelques semaines avant leur examen, le CEP (certificat d'études primaires!), les élèves dorment à l'école, pour encore réviser! Si le CEP n'est pas eu, entrer en 6 ème se révèlera alors comme le parcours du combattant. L'élève pourra être admis mais en payant beaucoup plus cher et après admission aux concours de français et de calculs!

   Lors de notre visite, nous avons pu assister à une demie-matinée de cours. De retour sur les bancs de l'école, nous avons pu observer des élèves de CM2; sérieux, silencieux, vautrés sur les tables, endormis, participants, égarés, curieux...

                                                                             





   Le professeur, appelé maître , n'use pas de papiers, mais de la craie, tout est écris sur les nombreux tableaux qui ornent la classe, seuls outils pédagogiques avec les quelques manuels.
Sans se lancer dans une analyse de l'enseignement à l'école de Komadougou, il reste très magistral sans individualisation.
Au cours de notre matinée, il ne fut pas rare de voir s'absenter le maître, errer près de la cuisine, ou ailleurs encore, laissant sa classe seule travaillant ou non!

Les classes de CE2 et CM1

   Sur les 7 enseignants, 3 étaient absents ce jour là. Le directeur ne fut pas inquiété de laisser seuls et sans travail les enfants. Dans ces classes vides de maîtres, certains enfants retravaillent les activités de la veille, une certaine tranquillité règnait dans ces classes de CE2 et CM1, contrairement au CP1 que l'on entendait de l'autre bout de la cour. Jonchés sur les tables, assis sur les fenêtres...ils ne savaient que faire! Et cela toute la journée!





 

Les CP 1 après un retour au calme.

Malgré les efforts encore trop minimes du gouvernement;  l'offre éducative reste insuffisante: 
- Insuffisance de matériels didactiques
- Volume horaire hebdomadaire élevé-
- Insuffisance de personnels
- Résultats, performances faibles (beaucoup de redoublements, peu ont le BEPC ou le BAC)

lundi 18 octobre 2010

Les jeunes: La rentrée scolaire!

          Alors que tous les écoliers de France voient les vacances de la Toussaint bientôt arriver, ici, au Burkina les enfants et les jeunes ont fait leur rentrée scolaire début octobre donc depuis 15 jours. C'est l'organisation existante ici mais ils vont travailler jusqu'à Noël pour avoir deux semaines de vacances. Ensuite ce n'est pas fini, ils vont étudié jusqu'au mois de mai avec une semaine de congé en avril, bien-sûr. Ici il faut comprendre que ce n'est pas très simple car la langue apprise à l'école est le français à l'écrit et à l'oral mais qu'une fois sortie de l'école, dans cette région de l'Est du Burkina Faso, ils se mettent tous à parler le Gourmantché.Donc quand les enfants ont des difficultés dès le primaire, ils ne peuvent pas trop demander de l'aide à leurs parents.

          Parmi les 15 jeunes d'ADSD qui sont âgés de 14 à 22 ans, nous avons été dans différents établissements pour rencontrer leur lieu scolaire. Le plus jeune qui a 14 ans a fait sa rentrée à l'école de Komadougou, en CE2, oui il est un peu vieux comparé à chez nous mais tant qu'ils n'ont pas le niveau, ils refont l'année jusqu'à réussir.
       
          Ensuite tous les autres jeunes font leurs études à Fada N Gourma qui est la ville située à 12 km de Komadougou. Pour certains ils ont une famille d'accueil (une famille qui a un lien de parenté avec eux ou amical) donc ils restent sur place. Pour d'autres, ce n'est pas forcement le cas et ils doivent faire au moins 24 km en vélo par jour pour aller à l'école et revenir chez eux.

           Nous avons 3 jeunes gars qui sont dans des lycées, un dans l'établissement DIABA LOMPO en seconde scientifique et deux aux COEURS VAILLANTS en seconde scientifique et en terminal scientifique.

           A la BELLE EPINE, qui est un centre de formation axé autour de la couture qui peut se réaliser en trois ans, trois jeunes filles sont inscrites en deuxième et troisième année, donc pour certaines, il y a un diplôme à obtenir à la fin de l'année.

           Et les autres jeunes qui restent, sont tous à l'ANPE (oui comme chez nous, l'ANPE existe ici) où différentes formations sont proposées qui peuvent se réaliser en trois ans et qui sont en alternance un jour et demi dans la semaine avec un patron dans le domaine où on se professionnalise (sauf la couture) :
-la couture où une jeune est inscrite en deuxième année
-la maçonnerie
-la mécanique automobile
-la mécanique cyclo où un jeune est inscrit en troisième année
-et la soudure où un jeune est en deuxième année et trois sont en troisième année donc eux aussi ont un diplôme à passer, le CQP (Certificat de Qualification Professionnelle).



Firmin et Lardia en pleine pratique à l'ANPE
(de g. à d.) Firmin, Lardia, Thomas et Nahini devant leur atelier à l'ANPE

           Mais ce n'est pas fini car ces jeunes inscrits à l'ANPE (sauf un) qui sont très motivés et pleins d'énergies, ils suivent aussi des cours du soir au lycée DIABA LOMPO de 18h jusqu'à 20h sur des niveaux qui vont de la 6ème à la 3ème car bien-sûr ils ont envie d'avoir le niveau en français et dans les autres matières.

           Bon, si vous avez bien suivi, certains d'entre vous se sont peut-être demandés pourquoi nous étions qu'à 13 jeunes en faisant le total, c'est simple! Un des jeunes a eu son diplôme de CQP l'année dernière en soudure, du coup cette année, il est en pratique avec un patron et suit des cours du soir. Pour le deuxième jeune, c'est une demoiselle, qui attend l'arrivée d'un petit bébé et du coup les études ont été mises de côté pour un an.

          Voilà, vous savez tout sur la rentrée scolaire des jeunes d'ADSD, ils sont partis pour une nouvelle année complète où certains ont des diplômes importants à passer. Un jeune en particulier qui a le CQP soudure à avoir à l'ANPE et son BEPC ( le brevet) au cours du soir à DIABA LOMPO, nous lui souhaitons bien du courage, ainsi qu'à tous les autres aussi.

samedi 16 octobre 2010

IDEE GOURMANDE : le riz sauce arachide

   Nouveau pays, nouvelles odeurs, nouvelles saveurs...nos palais réclament.

Malata; la femme de Paul ( le président de l'association), se propose de nous faire découvrir cette cuisine typique africaine dont le goût nous donne parfois des suées.

Découvrons un des mets traditionnel :  le riz sauce à l'arachide.

Ingrédients :

- riz complet ( cultivé à Komadougou)
- pâte d'arachide
- aubergines
- épinards en branches grimpantes
- gros sel
- épices
- quelques morceaux de poulets

Préparation

Le riz :
Une fois récolté, le faire cuire à sec dans une marmite et le faire rougir. Ensuite l'étaler au sol pour qu'il sèche. Puis le piler pour décoller les petites peaux et le faire apparaitre blanc. Dernière manœuvre, le laver 4 fois !
Pour la cuisson du riz, faîtes bouillir l'eau puis plonger le riz.

          lavage du riz.              

La pâte d'arachide :
- enlevez les coques des cacahuètes
- faire cuire à sec les cacahuètes pour qu'elles deviennent rouges
- enlever les petites peaux
- moudre ces cacahuètes au moulin

la pâte d'arachide

(cette pâte ainsi sortie du moulin peut être conservée des mois)


La sauce arachide, aubergines, feuilles d'épinards : 

- dans une marmite faire bouillir la pâte ( l'huile va en ressortir)
- y ajouter les aubergines et les feuilles d'épinard fraîchement coupées
- y ajouter également de l'eau (autant que la pâte)
- y introduire quelques morceaux de poulets
- des épices
- gros sels
- laisser cuire longuement.

                 
La sauce    

Préparation du mets dans la case où  la chaleur nous est insupportable!    


   A servir chaud !

 Chaque préparation est unique, chaque femme a son secret!





mercredi 13 octobre 2010

KOMADOUGOU : présentation

   KOMADOUGOU ; "lieu où l'on marche sur des épines", nom qui s'explique par un stratème imaginé par ses habitants pour attirer les combattants ennemis dans un champ d'épines! 

   Komadougou est situé au sud est du Burkina ("pays des hommes intègres"). Le village relève du département de Fada (ville la plus proche à 12 km) dans la province du Gourma. Le dialecte est le gourmantché. Le village situé sur la route de Bogande est desservi par une voie correcte où l'on croise plus de vélos, d'ânes que de véhicules motorisés.

Le village est dispersé sur un ensemble de terre immesurable. Son nombre d'habitants avoisine les 1700 avec un peu plus de 400 enfants (selon une étude réalisée en 2008).

                                                       Représentation schématique du village.

    Au sein de Komadougou, on recense des principales infrastructures dynamisant le village. 
   Être catholique, protestant ou musulman, on vit ensemble...les nombreuses prières se font entendre dans tout le village. On trouve une église catholique, protestante et une mosquée.
   Non loin de la voie, se trouve une salle de réunion qui pour le moment fait office de salle de jeu pour l'ensemble des jeunes du village. Une salle de formation se trouve à coté, très peu ouverte, on se pose la question de son utilité! Dans ce même endroit a été construit la plate forme multifonctionnelle, où sera installé le magasin.  
   Un dispensaire fut construit en 2008, mais son ouverture se fait attendre. La construction d'un garde bébé a commencé il y a quelques mois, à quand son ouverture ?
   Le village est actuellement dynamisé par les récoltes, période qui va s'étendre jusqu'en décembre.
   Le marché ouvert tous les jours, prend des couleurs et accueille un tas de gens le dimanche, surtout le soir ( l'après midi) après les prières.

    La PTF, lieu du magasin.                                                                         Le baobab sacré.
                                                    Pleins de "ptits bouts" très curieux!