Une bonne et heureuse année 2011 qui soit pleine de soleil et de chaleur pour vous tous!

"Le pardon, la tolérance et la sagesse sont le langage des hommes forts", proverbe Sénoufo.

dimanche 12 décembre 2010

Les élections présidentielles

Le 21 novembre 2010 a été un jour important au Burkina Faso, un jour où on se doit de faire un acte citoyen quand on est dans un pays démocratique avec un régime présidentiel (au suffrage universel). Un jour où l'on demande l'avis des burkinabé sur le choix de leur futur président. Un jour où c'est leur choix qui déterminera leur futur, leur avenir face à la personne qui dirigera leur pays.

Mais revenons à la réalité burkinabé, aujourd'hui ce pays compte plus de 15 millions d'habitants (une estimation de 2010 selon l'INSD). Le nombre d'électeurs potentiels en 2010 s'élève à 8 millions mais il n'ya que 3 239 777 électeurs qui ont été enregistré. Et nous n'avons pas fini avec les chiffres car le nombre de votants n'a été que de 1 778 693, environ 10% de la population totale du Burkina Faso, et le taux de participation pour les présidentielles est de 54,90%.

Pourquoi et quelles sont les raisons de ces chiffres alarmants?

Ici pour aller voter, il faut s'y préparer en amont. Tout d'abord, il faut se munir d'une carte nationale d'identité qui coûte 1 000 F CFA (environ 1 euro 50), tout en sachant qu'au Burkina Faso, une majorité d'habitants n'ont même pas 650 F CFA (1 euro) par jour pour manger, donc s'acheter cette carte n'est pas une priorité pour eux et on peut le comprendre. On peut ajouter que pour la création de cette carte, il faut des papiers administratifs comme l'acte de naissance qui n'est pas un document que tout le monde a ou peut avoir en sa possession. Ces points créent déjà une grande barrière face aux élections pour beaucoup de burkinabé. Enfin, ceux qui ont la chance d'avoir leur carte nationale d'identité, peuvent aller chercher leur carte d'électeur dans des endroits spécifiques, généralement mairie ou hôtel de ville, en s'inscrivant au préalable sur les listes. En tout cas, c'est moins simple que chez nous.

Ces différents constats peuvent déjà être une bonne explication mais on peut aussi observer que dans l'éducation scolaire, en feuilletant les manuels, la citoyenneté n'est pas un thème abordé, ce n'est pas une notion qu'on apprend aux enfants. Il n'y a pas réellement d'engagements politiques, de conscience politique, ces termes sont flous, voire inexistants pour beaucoup de burkinabé, et encore plus dans les villages. Ce qui n'est pas étonnant si on ne les éduque pas ou si on ne les forme pas à ses notions.

La campagne présidentielle s'est quand même déroulée au mois de novembre dans des conditions particulières pour notre oeil français. La prestance de Blaise Campaoré en a fait oublier les six autres candidats qui sont passés presque inaperçus. De grands panneaux placardés dans toutes les villes, de grandes manifestations lors des déplacements du président, avec des vêtements (tee-shirt, pull, pagne, casquette,...) à son effigie, ainsi que des dons de 1 000 F CFA, tel était l'image de la campagne de Blaise racontée par les habitants. Tous les burkinabés ont adhéré pour avoir des sous et des habits gratuitement.

Le résultat est tombé le 25 novembre 2010 et n'a pas été surprenant, Blaise Campaoré a été élu au premier tour avec plus de 80 % des voix. Un président au pouvoir depuis 23 ans et qui vient d'être réengagé pour 5 ans, on se pose juste la question sur la notion de démocratie dans toutes ces conditions.

Mais pour les burkinabé, on entend beaucoup dire qu'au moins leur pays est calme, sans guerre, ce qui n'est pas faux, comparé à leurs voisins de la Côte d'Ivoire où c'est une autre histoire!

samedi 4 décembre 2010

Le jardin maraicher: la pompe solaire

A la fin du mois d'octobre, un changement est survenu au jardin maraîcher. Antoine, un volontaire est arrivé pour installer une pompe solaire sur le jardin, qui était tant attendu par les acteurs et par le village car la nouvelle avait été répandu sur sa venue.


Le travail n'a pas été simple car il fallait travailler avec surtout 3 acteurs pour qui le français n'est pas la langue qu'on utilise facilement ici, surtout quand le vocabulaire est compliqué, avec l'installation de branchements électriques et tous ces termes utilisés qui peuvent déjà être difficile à connaître quand on est français. Et puis, il faut ajouter aussi que les commandes que l'on fait au Burkina, pour différents matériaux, peuvent mettre du temps à arriver à destination. Mais Antoine s'en est très bien sorti pour creuser des tranchées, monter une structure métallique, hisser un polytank, faire les branchements électriques...! Que d'énumération qui nous font perdre le fil de l'histoire, excusez-nous.




Non, il ne faut pas avoir peur! Nous allons essayer de vous expliquer le fonctionnement de cette pompe le plus clairement possible. Nous avons des panneaux solaires qui captent les rayons du soleil pour produire de l'énergie qui permettent de faire fonctionner la pompe qui se trouve à 15 mètres dans un puit. Celle-ci aspire de l'eau pour l'envoyer dans un polytank (une cuve en plastique d'une capacité de 5 000 litres) qui se trouve à 5 mètres de hauteur (pour produire un effet de pression. Oui, l'eau sort du polytank et descend jusqu'au sol dans de gros tuyaux en fer, ce qui lui donne de la rapidité, ensuite au bout, nous avons des robinets pour que les acteurs puissent se servir. Vous avez vu ce n'est pas si compliqué! Bon, nous avons été sympa, on vous a épargné tout le côté technique pour éviter de vous embrouiller et puis on a ajouté le plan pour mieux comprendre.



Le petit détail de l'histoire que nous vous avons pas raconté est important à rappeler. Antoine a failli ne pas rentrer en France à la date prévue car la pompe ne fonctionnait pas. Un soucis de branchement, un câblage pas assez puissant, un dysfonctionnement dans la pompe,... ? Pendant une semaine, c'était la panique, Antoine ne savait plus trop quoi faire, les gens de Komadougou ont tous prié dans les églises ou la mosquée, une pompe monopolisée sur le village, des acteurs qui devaient aller chercher l'eau sur d'autres pompes pour arroser leurs plantes. Une tension au plus haut point pour Antoine qui est retombé rapidement quand il a décidé de remplacer un câble par un autre plus puissant.

La délivrance est parvenue, l'eau est arrivée et est sortie du robinet et tous les gens de Komadougou se sont déplacés (enfin pas tous mais beaucoup) pour voir l'évènement. Le sourire et la joie remerciaient le travail accompli par Antoine.



Tout est bien qui finit bien! Aujourd'hui les acteurs se fatiguent moins pour puiser l'eau, les légumes et les fruits poussent tranquillement, regardez le résultat.






Il ne reste plus qu'à installer le goutte à goutte mais il faut d'abord nettoyer le jardin, des pierres et des mauvaises herbes, mais il faut être patient et attendre la suite dans une prochaine aventure. 

Le jardin maraicher : La reprise et la préparation du terrain

            Tout commence, suite à la saison des pluies, où les acteurs avaient, en quelque sorte, délaissés le terrain du jardin, parce que les cultures leur prenaient du temps. L'association ADSD leur a rappelé bien-sur que ce projet était pour eux et qu'ils devaient s'y investir et puis l'année précédente était un essai car les acteurs se retrouvaient à 3 par bande. Le mois d'octobre commence autrement et chaque acteur possède 4 bandes, mais excusez-moi, tout ceci ne doit pas être clair pour vous, alors commençons sérieusement cet article.


           Le mois d'octobre, où le soleil est toujours au beau fixe et la chaleur toujours aussi étouffante, la reprise du jardin a pu se faire tranquillement. Chaque acteur a creusé ses bandes, une tache qui n'est pas aussi aisée que l'on puisse le penser! En effet, sous le soleil torride du Burkina, muni d'une pioche et d'une pelle, l'homme ou la femme creuse des bandes de 12 mètres de longueur, d'un peu plus d'un mètre de largeur et de 40 cm de profondeur. La difficulté supplémentaire, c'est que l'on tombe rapidement sur des blocs de pierre assez importants, qui sont lourds et que l'on doit enlever à la main, mais je laisse parler les photos.

         
           Ensuite, on dispose différentes couches dans ces bandes comme un sandwich. On commence par de la terre fraichement retournée, on dispose par dessus des grandes herbes qui ont été séché au préalable, on rajoute de la terre, ensuite on y met du fémur, fait à base de différentes plantes séchées et d'excréments de boeufs, mélangé à la terre. Voilà le terrain est prêt il n'y a plus qu'à planter!

        
          Certains acteurs ont commencé à planter des concombres, des melons ainsi que des choux. Les plantations se font au début sous un voile qui permet de protéger du soleil (qui peut bruler les plantes) et de garder un peu l'humidité (pour ne pas que les plantes dessèchent).



Tous les acteurs ne se sont pas encore attelés à la tache, car le mois d'octobre, comme vous avez pu le lire dans un article précédent, est celui des récoltes qui prennent beaucoup de temps. En tout cas, quand les plantes ont bien grandi, nous pouvons retirer les voiles pour la place à la plante de pousser encore plus.

Maintenant il faut attendre les premiers légumes pour pouvoir les déguster!

lundi 29 novembre 2010

BURKINA : Peuples du pays/ répartitions etniques.

Au Burkina, la population se compose d'une soixantaine d'ethnies toutes différentes.
D'une région à une autre, la langue, le dialecte parlé est différent, ce qui augmente la difficulté de communication entre les peuples, si la langue commune, le français n'est pas maîtrisé.
Pour les Burkinabes distinguer les ethnies se fait très simplement. certains signes de distinctions s'identifient; comme la langue, les scarifications faciales et les attitudes en générales.

A l'aide de la carte, vous pouvez découvrir la répartition ethnique de la population sur le territoire Burkinabé.
( Tout n'y apparait pas).


Par ordre d'importance intervient ;
- les Mossi, sur le plateau central, 48 % de la population.
Ce peuple aurait migré de l'Egypte et de l'Ethiopie avant de débarquer au nord du Ghana pour ensuite partir à la conquête du plateau central et y construire de puissants royaumes. Leur puissance réside dans la forte structure de leur organisation politique basée sur le cultre de la personnalité du Mogho Naba, l'empereur et le chef.
- Les Peuls, 8%, dans la région du sahel au nord du pays.
Ils sont appelés aussi Foulbé et Fulani. répartis dans toute l'Afrique de l'ouest. Répartis dans toute l'Afrique de l'Ouest, ils sont issus de population du Sahara à l'époque néolithique (période de la préhistoire marquée par de profondes mutations sociales).
Les Peuls noirs sont ceux islamisés et les Peuls rouges sont ceux ayant conservé leur mode de vie traditionnel.
Ils sont nomades et éleveurs de bovins. Le bétail est leur seule richesse, en prévision de la sécheresse, de la dot et d'échanges traditionnels. Le lait est échangé contre le mil et d'autres produits manufacturés.
La société Peul est une société à classes : les nobles et les serviteurs.

Les principaux maux du pays sont attribués aux Peuls et Touareg avec lesquels les autres populations entretiennent des relations ambigues.

- Les Gourmantchés représentent 7 % de la ppulation, à l'est du pays et s'étend aux frontières du Togo et du Bénin. Notre village est Gourmantché principalement, avec une légère représentation Peul.
une recherche plus approfondie se mérite avant de lancer quelconques informations sur ce peuple.
- les Bobo : au sud ouest représente également  7% de la population.
- les Gourousi, 6%
- les Samo, au nord ouest du pays à la frontière du Mali, avec  3%
- les Bwaba, 3%
Les autres groupes ethniques sont les Dogons (frontière Mali et Cote d'Ivoire), les Touareg, les Gan, les Gouin, les Dagara.
Les Senoufo, Dioula et Marka représentent 2 % de la population.

lundi 8 novembre 2010

PROJET : Le groupement de femmes

   Pas si simple de se faire comprendre même quand notre langue est identique. Notre façon de s'exprimer, d'élaborer notre pensée, d'utiliser les mots, de construire les phrases est différente. Ainsi chaque mot à son importance, sa définition sera multiple et marquera l'incompréhension, qui mène souvent aux rires.
De longues discussions, explications furent nécessaires pour aboutir à une compréhension réciproque. Pour nos différents projets, au fur et à mesure nos échanges s'adaptent et se contentent de phrases simples et claires!
Cette difficulté se retrouve partout, de notre quotidien aux réunions... .cela fut un bel obstacle lors d'une formation gestion proposée au groupement de femmes pour le magasin.


Le groupement de femmes : 
  


Le groupement de femmes  fut crée dans les années 80 pour une activité jardinage. Les moyens de locomotions réduits les ventes furent limitées. Un manque de pluie va suspendre ces activités, 10 ans après. Le groupement rencontre ADSD qui leur propose de les soutenir dans leurs différents projets, notamment celui de créer un magasin. le groupement, pas son succès, compte aujourd'hui 69 femmes, 25 sont alphabétisées en gourmantché et 2 en français.


Pour faciliter la communication au sein du groupement, après une rencontre avec l'ensemble des femmes, elles décident de créer un comité spécial magasin.




   A notre arrivée le magasin est déjà construit, première avancée non négligeable.



Non loin du bord de la voie, près des Eglises, touche-touche à la plate forme, la localisation du magasin semble bien stratégique.




Que mettons nous dans le magasin ? Quelle organisation ? Comment se gère un magasin ? Autant de questions que nous avons soulevées en amont et proposées aux femmes, s'est enclenché alors un travail collectif de réflexion. Une fois tout cela éclairci; des listes de stocks, de responsables, d'organisation se sont dressées.
Malgré la période de récoltes où les femmes sont très prises, elles ont su dégager du temps pour assister à la formation gestion nécessaire avant l'ouverture.


                            



                   Travail de groupe, situations pratiques tout au long de la formation.


Transmettre un message clair, précis et compréhensif de toutes, n'aurait pu se faire sans l'aide de Paul, 'Traducteur de pensées'.





Les femmes ayant assisté à la formation.

L'aménagement( étagères...) est en cours, suivra l'arrivée du stock puis l'ouverture.


Initiative, motivation, sérieux, caractérisent ces femmes meneuses du projet. Ainsi nous les encourageons pleinement dans leur projet.

jeudi 28 octobre 2010






Komadougou : Les récoltes
 
Sous un soleil de plomb accompagné d’un léger vent frais par intermittence, on peut voir les champs de maïs et de mil disparaître petit à petit. Entre le bruit des machettes qui sectionnent les pieds des plantes et les airs africains fredonnés par ceux qui ramassent les céréales coupées pour les mettre en tas, on peut se rendre compte que les récoltes ont bel et bien commencé.
 Avant d’aller plus loin, nous pouvons déjà rappeler que l’agriculture est la principale activité économique du pays, qui occupe, selon les sources, de 75% à 90% de la population. Pour le village de Komadougou, l'agriculture, regroupée avec l'élevage, représente une occupation de 90% des hommes et 99% des femmes. 
            
             Le système de production est largement dominé par l'agriculture de type extensive, c'est-à-dire qui nécessite de grandes superficies de sols travaillées ici avec des moyens techniques très rudimentaires, comme si l'on revenait un siècle en arrière en France. Parmi les cultures il faut distinguer les cultures de rente, comme le coton et l'arachide, des cultures vivrières destinées principalement à couvrir les besoins du pays et des cultures maraîchères qui fournissent les légumes.

             Les cultures vivrières sont bien-sûr les plus importantes car elles occupent 90% des terres cultivées, dont 80% sont destinées à la culture du sorgho et du mil, des céréales adaptées au climat du pays et qui font partie des aliments de base des Burkinabè. Dans certaines zones plus propices, comme à Komadougou, le maïs est aussi présent dans ces cultures.

         
     Le sorgho ou le mil est une plante de la famille des graminées qui est particulièrement adapté aux sols dits "médiocres" et supporte très bien la sécheresse. Il se présente sous forme de hautes tiges (atteignant parfois 5 mètres) surmontées d'une grappe avec pleins de petites graines au bout.
     Il existe le sorgho rouge qui sert principalement pour confectionner le tô (plat burkinabè) et le dolo (bière burkinabè) et le sorgho blanc qui sert surtout à confectionner la farine.        








Ici les plantations ont commencé au mois de mai, les burkinabè plantent d'abord le sorgho rouge, après début juin, c'est le maïs et mi juin le sorgho blanc. Les plantations durent pendant trois mois, tout est fait à la main, en famille, tout le monde participe, sauf le cerclage qui est fait avec des boeufs et une charrue.


            Aujourd'hui, cinq mois après les semis, et la saison des pluies qui soit dit en passant a été très bonne cette année et donc très propice pour les cultures, la récolte peut-être réalisée. C'est un travail long et laborieux qui va perdurer jusqu'à fin décembre et qui se réalise en famille, certains enfants ne vont pas à l'école pour aider dans les récoltes, qui est un moment important et crucial pour tous les burkinabè pour qu'il puisse manger toute l'année.
La journée commence au petit matin, à 5h30 (les mamans se sont levées à 4h pour préparer le repas qu'ils emmèneront aux champs) où ils partent pour effectuer la coupe. A 9h30, ils s'octroient une petite pause collation (normal, vu qu'ils n'ont rien mangé depuis le levé) et pour reprendre des forces pour continuer le travail jusqu'à midi. Une pause repas et sieste est profitable et à 14h, ils reprennent de plus belle, avant que la nuit tombe rapidement et qu'il puisse rentrer vers 18h. 
   
 

              Pour le maïs, certains coupent les tiges et les massent en petits tas, pendant que d'autres récupèrent ces tas pour en faire des dômes pour les laisser sécher.


 
 
                                                            Ensuite ces tiges seront épluchées pour récupérer les épis de maïs. Actuellement, il faut faire un peu vite car une pluie assez importante est tombée, ce qui n'est pas bon pour les tas qui sont humides et qui attirent les termites.
 
 
 
 

Tous les épis de maïs, après épluchage, sont entreposés dans un coin pour qu'ils sèchent et pour qu'ils jaunissent, dorés par le soleil et la chaleur. Les enfants adorent en faire cuire sur la braise pour les manger chaud, et croquer à pleines dents dedans.

Pour les cultures de mil, quand les tiges sont coupées, d'autres coupent juste les grappes pour ensuite les mettre à sécher sur des plateaux en bois, pour effectuer une première période de séchage.



Après ces grappes de graine sont entreposées dans le grenier et égrenées au fur et à mesure des besoins.
De ces graines de mil, on retire une farine, où on les fait cuire dans l'eau pour faire, comme ils appellent ici, "le couscous burkinabè".

 
           
            



Komadougou : l'école




 KOMADOUGOU : L'école




Les gamelles, les bidons d’eau, les sacs, pieds nus sur le chemin…Hop c’est parti, les enfants du village prennent la direction de l’école !
Après 4 mois de congés (vacances de début juin à fin septembre), les enfants, dont l’âge oscille de 6 ans à 16 ans, ont retrouvé leur maître, leurs crayons, leurs craies, le 4 octobre, après un appel effectué le 1er.
Sur la volonté des parents, les enfants sont ou non scolarisés. Par manque de moyens, par besoins de bras (aux champs…) ou encore, par inintérêt porté à l’éducation, de nombreux enfants échappent à l’alphabétisation.

Selon l'UNESCO, le taux d'analphabétisme en 1990 était de 81.5%, 15 ans après, avec une mobilisation du gouvernement, le taux d'alphabétisation s'élève à 26.6 %, taux encore très faible.
Depuis la loi d'orientation du 9 mai 1996, l'école apparait obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans. A aucun moment la gratuité n'est exprimée entièrement. Seulement, la population scolarisée atteint 38 % au primaire et 8 % au secondaire. Une mobilisation plus forte doit s'engager afin de pouvoir scolariser l'ensemble des enfants. 46 % de la population a entre 0 et 16 ans.
   L’inscription scolaire s’élève à 2000 Fcfa. Pour la première année de cours préparatoire, l’inscription est gratuite pour les filles ! Un  cout de 1000 FCFA doit être prévu pour les fournitures.


L’école de Komadougou:
Du nouveau cette année pour les enfants ; ils passent d’une classe sous paillottes sans lumière du jour à une classe en dur avec des espaces laissant passer le jour !
   Plusieurs financements ont permis la création de ce bâtiment de 3 classes où sont logés les CM2, CM1,CE2 ainsi que le bureau du directeur.
   L’école,  dirigée par  Monsieur Oueba T Dominique,  compte 7 classes tenues par 2 hommes et 5 femmes. Les différentes classes accueillent un minimum de 45 élèves. Ces classes sont équipées très simplement avec des bureaux en bois, des tableaux de craie au mur, et démunis de tout autre matériel pédagogique. 

La classe de CM2                                       
                                                        Le matériel pédagogique : le tableau; le maître y écrit tout ce qu'il veut transmettre aux enfants !

    Le soir (l'après-midi), les cours reprennent à 15 heures pour 2 heures. Les cours se font en langue officielle, le français, ce qui rend difficile la compréhension des élèves, ne parlant pas cette langue hors de l'école!
Le jour de repos est le jeudi, sauf pour les CM2, qui restent à l'école pour travailler. Quelques semaines avant leur examen, le CEP (certificat d'études primaires!), les élèves dorment à l'école, pour encore réviser! Si le CEP n'est pas eu, entrer en 6 ème se révèlera alors comme le parcours du combattant. L'élève pourra être admis mais en payant beaucoup plus cher et après admission aux concours de français et de calculs!

   Lors de notre visite, nous avons pu assister à une demie-matinée de cours. De retour sur les bancs de l'école, nous avons pu observer des élèves de CM2; sérieux, silencieux, vautrés sur les tables, endormis, participants, égarés, curieux...

                                                                             





   Le professeur, appelé maître , n'use pas de papiers, mais de la craie, tout est écris sur les nombreux tableaux qui ornent la classe, seuls outils pédagogiques avec les quelques manuels.
Sans se lancer dans une analyse de l'enseignement à l'école de Komadougou, il reste très magistral sans individualisation.
Au cours de notre matinée, il ne fut pas rare de voir s'absenter le maître, errer près de la cuisine, ou ailleurs encore, laissant sa classe seule travaillant ou non!

Les classes de CE2 et CM1

   Sur les 7 enseignants, 3 étaient absents ce jour là. Le directeur ne fut pas inquiété de laisser seuls et sans travail les enfants. Dans ces classes vides de maîtres, certains enfants retravaillent les activités de la veille, une certaine tranquillité règnait dans ces classes de CE2 et CM1, contrairement au CP1 que l'on entendait de l'autre bout de la cour. Jonchés sur les tables, assis sur les fenêtres...ils ne savaient que faire! Et cela toute la journée!





 

Les CP 1 après un retour au calme.

Malgré les efforts encore trop minimes du gouvernement;  l'offre éducative reste insuffisante: 
- Insuffisance de matériels didactiques
- Volume horaire hebdomadaire élevé-
- Insuffisance de personnels
- Résultats, performances faibles (beaucoup de redoublements, peu ont le BEPC ou le BAC)

lundi 18 octobre 2010

Les jeunes: La rentrée scolaire!

          Alors que tous les écoliers de France voient les vacances de la Toussaint bientôt arriver, ici, au Burkina les enfants et les jeunes ont fait leur rentrée scolaire début octobre donc depuis 15 jours. C'est l'organisation existante ici mais ils vont travailler jusqu'à Noël pour avoir deux semaines de vacances. Ensuite ce n'est pas fini, ils vont étudié jusqu'au mois de mai avec une semaine de congé en avril, bien-sûr. Ici il faut comprendre que ce n'est pas très simple car la langue apprise à l'école est le français à l'écrit et à l'oral mais qu'une fois sortie de l'école, dans cette région de l'Est du Burkina Faso, ils se mettent tous à parler le Gourmantché.Donc quand les enfants ont des difficultés dès le primaire, ils ne peuvent pas trop demander de l'aide à leurs parents.

          Parmi les 15 jeunes d'ADSD qui sont âgés de 14 à 22 ans, nous avons été dans différents établissements pour rencontrer leur lieu scolaire. Le plus jeune qui a 14 ans a fait sa rentrée à l'école de Komadougou, en CE2, oui il est un peu vieux comparé à chez nous mais tant qu'ils n'ont pas le niveau, ils refont l'année jusqu'à réussir.
       
          Ensuite tous les autres jeunes font leurs études à Fada N Gourma qui est la ville située à 12 km de Komadougou. Pour certains ils ont une famille d'accueil (une famille qui a un lien de parenté avec eux ou amical) donc ils restent sur place. Pour d'autres, ce n'est pas forcement le cas et ils doivent faire au moins 24 km en vélo par jour pour aller à l'école et revenir chez eux.

           Nous avons 3 jeunes gars qui sont dans des lycées, un dans l'établissement DIABA LOMPO en seconde scientifique et deux aux COEURS VAILLANTS en seconde scientifique et en terminal scientifique.

           A la BELLE EPINE, qui est un centre de formation axé autour de la couture qui peut se réaliser en trois ans, trois jeunes filles sont inscrites en deuxième et troisième année, donc pour certaines, il y a un diplôme à obtenir à la fin de l'année.

           Et les autres jeunes qui restent, sont tous à l'ANPE (oui comme chez nous, l'ANPE existe ici) où différentes formations sont proposées qui peuvent se réaliser en trois ans et qui sont en alternance un jour et demi dans la semaine avec un patron dans le domaine où on se professionnalise (sauf la couture) :
-la couture où une jeune est inscrite en deuxième année
-la maçonnerie
-la mécanique automobile
-la mécanique cyclo où un jeune est inscrit en troisième année
-et la soudure où un jeune est en deuxième année et trois sont en troisième année donc eux aussi ont un diplôme à passer, le CQP (Certificat de Qualification Professionnelle).



Firmin et Lardia en pleine pratique à l'ANPE
(de g. à d.) Firmin, Lardia, Thomas et Nahini devant leur atelier à l'ANPE

           Mais ce n'est pas fini car ces jeunes inscrits à l'ANPE (sauf un) qui sont très motivés et pleins d'énergies, ils suivent aussi des cours du soir au lycée DIABA LOMPO de 18h jusqu'à 20h sur des niveaux qui vont de la 6ème à la 3ème car bien-sûr ils ont envie d'avoir le niveau en français et dans les autres matières.

           Bon, si vous avez bien suivi, certains d'entre vous se sont peut-être demandés pourquoi nous étions qu'à 13 jeunes en faisant le total, c'est simple! Un des jeunes a eu son diplôme de CQP l'année dernière en soudure, du coup cette année, il est en pratique avec un patron et suit des cours du soir. Pour le deuxième jeune, c'est une demoiselle, qui attend l'arrivée d'un petit bébé et du coup les études ont été mises de côté pour un an.

          Voilà, vous savez tout sur la rentrée scolaire des jeunes d'ADSD, ils sont partis pour une nouvelle année complète où certains ont des diplômes importants à passer. Un jeune en particulier qui a le CQP soudure à avoir à l'ANPE et son BEPC ( le brevet) au cours du soir à DIABA LOMPO, nous lui souhaitons bien du courage, ainsi qu'à tous les autres aussi.

samedi 16 octobre 2010

IDEE GOURMANDE : le riz sauce arachide

   Nouveau pays, nouvelles odeurs, nouvelles saveurs...nos palais réclament.

Malata; la femme de Paul ( le président de l'association), se propose de nous faire découvrir cette cuisine typique africaine dont le goût nous donne parfois des suées.

Découvrons un des mets traditionnel :  le riz sauce à l'arachide.

Ingrédients :

- riz complet ( cultivé à Komadougou)
- pâte d'arachide
- aubergines
- épinards en branches grimpantes
- gros sel
- épices
- quelques morceaux de poulets

Préparation

Le riz :
Une fois récolté, le faire cuire à sec dans une marmite et le faire rougir. Ensuite l'étaler au sol pour qu'il sèche. Puis le piler pour décoller les petites peaux et le faire apparaitre blanc. Dernière manœuvre, le laver 4 fois !
Pour la cuisson du riz, faîtes bouillir l'eau puis plonger le riz.

          lavage du riz.              

La pâte d'arachide :
- enlevez les coques des cacahuètes
- faire cuire à sec les cacahuètes pour qu'elles deviennent rouges
- enlever les petites peaux
- moudre ces cacahuètes au moulin

la pâte d'arachide

(cette pâte ainsi sortie du moulin peut être conservée des mois)


La sauce arachide, aubergines, feuilles d'épinards : 

- dans une marmite faire bouillir la pâte ( l'huile va en ressortir)
- y ajouter les aubergines et les feuilles d'épinard fraîchement coupées
- y ajouter également de l'eau (autant que la pâte)
- y introduire quelques morceaux de poulets
- des épices
- gros sels
- laisser cuire longuement.

                 
La sauce    

Préparation du mets dans la case où  la chaleur nous est insupportable!    


   A servir chaud !

 Chaque préparation est unique, chaque femme a son secret!





mercredi 13 octobre 2010

KOMADOUGOU : présentation

   KOMADOUGOU ; "lieu où l'on marche sur des épines", nom qui s'explique par un stratème imaginé par ses habitants pour attirer les combattants ennemis dans un champ d'épines! 

   Komadougou est situé au sud est du Burkina ("pays des hommes intègres"). Le village relève du département de Fada (ville la plus proche à 12 km) dans la province du Gourma. Le dialecte est le gourmantché. Le village situé sur la route de Bogande est desservi par une voie correcte où l'on croise plus de vélos, d'ânes que de véhicules motorisés.

Le village est dispersé sur un ensemble de terre immesurable. Son nombre d'habitants avoisine les 1700 avec un peu plus de 400 enfants (selon une étude réalisée en 2008).

                                                       Représentation schématique du village.

    Au sein de Komadougou, on recense des principales infrastructures dynamisant le village. 
   Être catholique, protestant ou musulman, on vit ensemble...les nombreuses prières se font entendre dans tout le village. On trouve une église catholique, protestante et une mosquée.
   Non loin de la voie, se trouve une salle de réunion qui pour le moment fait office de salle de jeu pour l'ensemble des jeunes du village. Une salle de formation se trouve à coté, très peu ouverte, on se pose la question de son utilité! Dans ce même endroit a été construit la plate forme multifonctionnelle, où sera installé le magasin.  
   Un dispensaire fut construit en 2008, mais son ouverture se fait attendre. La construction d'un garde bébé a commencé il y a quelques mois, à quand son ouverture ?
   Le village est actuellement dynamisé par les récoltes, période qui va s'étendre jusqu'en décembre.
   Le marché ouvert tous les jours, prend des couleurs et accueille un tas de gens le dimanche, surtout le soir ( l'après midi) après les prières.

    La PTF, lieu du magasin.                                                                         Le baobab sacré.
                                                    Pleins de "ptits bouts" très curieux!

samedi 25 septembre 2010

PRESENTATIONS : nous et les différents projets

Nous sommes deux, Coraline (formation sciences de l'éducation et formation pour adultes) et Manu (formation animation socio-culturelle) à s'être engagés dans cette mission de 6 mois pour ADSD.


Les projets :
Partis sous le couvert de l'association ADSD France et du Gulmu, nous allons travaillé ensemble sur différents projets. Trois axes principaux se déclinent :

- Le projet maraichage : l'année écoulée, se projet avait débuté avec l'ancien volontaire, Vincent. Après une saison des pluie au Burkina, l'objectif des villageois de Komadougou est de renouveler cette activité. Chaque acteur engagé dans ce projet a à la charge 4 bandes ( 12 m sur 2m) pour réaliser ses diverses plantations de légumes et gérer l'entretien puis la récolte. De nouveau à l'année passée, une augmentation des bandes ( passée de 1 à 4). Dans un premier temps l'accompagnement des acteurs dans la pérennisation de ce projet fait parti d'une de nos missions. Ensuite, afin de faciliter l'arrosage au quotidien, une pompe solaire va être installée au dessus du puits dans le jardin.

- Construction d'un magasin de premières nécessités pour le groupement de femmes. :
Les femmes du village réunies, ont le souhait de voir grandir un petit magasin dans leur village. Celui-çi sera le seul, il contiendra la nourriture de base (riz, semoule...) mais également des produits d'hygiène (savon...) et d'entretiens. L'objectif de cette construction est de  faciliter leur vie au quotidien, dans la mesure ou elles doivent parcourir 12 km pour trouver un premier endroit de ravitaillement.La construction de la bâtisse a déjà vu le jour avant notre arrivée. Les questions d'organisation, de fonctionnement, de ravitaillement et de formation à la gestion, doivent être vu avec les femmes.

- Le dispositif des jeunes : 15 jeunes sont parrainés par ADSD France, ce qui leur permet une scolarité et un suivi sanitaire.
Notre travaille auprès de ces jeunes sera le suivi scolaire (rencontre avec les écoles, soutien...), personnel (accompagnement dans différents projets...) et sanitaire. Lors des temps de cours, ils sont accueillis dans des familles.
Pour un meilleur suivi, nous orientons la possibilité de construction "d'un centre de vie et d'hébergement". Avant cela, une enquête sur les besoins, sur les différents centres existants, la législation...doit être menée pour aboutir sur un rapport d'état des lieux légitimant ou non cette construction et annonçant les modalités de construction et de fonctionnement.